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- Vers une réouverture des parcs d'attraction en juin ?
Les parcs de loisirs espèrent rouvrir au plus tôt pour sauver leur saison d'été et se préparent à mettre en place des mesures sanitaires drastiques. Par Thibaut Déléaz
Quand pourra-t-on retourner s'amuser dans un parc d'attractions ? Alors que les différents secteurs d'activité encore fermés commencent à être fixés sur leur sort avec un calendrier de réouverture au moins provisoire, la grogne monte du côté des parcs de loisirs. D'autant qu'après avoir été oubliés du gouvernement dans le plan de déconfinement, l'Élysée et Matignon envoient des messages contradictoires.
Soutenu par une pétition d'élus locaux, le Puy du Fou, installé en Vendée, a pris la tête de la contestation. « Les restaurants en zone verte vont pouvoir rouvrir le 2 juin, les zoos également, le Mont-Saint-Michel avec ses rues étroites est de nouveau accessible au public, mais tous ces espaces ne sont pas organisés par des professionnels du flux comme nous, pointe le directeur du parc, Nicolas de Villiers. On ne demande pas une faveur, mais un calendrier et de la cohérence. » Emmanuel Macron aurait fini par trancher en faveur d'une réouverture dès le 2 juin en zone verte, selon le parc vendéen, qui annonce revenir le 11 juin. Une annonce qui doit encore être confirmée officiellement par les autorités.
Port du masque, distanciation et lavage des mains
Sauver l'été, c'est l'inquiétude des gérants de parcs de loisirs, surtout après avoir loupé un début de saison qui aurait pu être très favorable. « Depuis 30 ans, je n'ai jamais vu des vacances d'avril aussi clémentes ! » se lamente Patrice Fleurent, patron de Fraispertuis City. Pour son parc d'attractions vosgien sur le thème du Far West, créé par son père en 1966, l'été est crucial : 60 % des 280 000 visiteurs annuels viennent en juillet ou en août. Comme les autres parcs, il a tout arrêté mi-mars au moment du confinement, alors qu'il se préparait à la réouverture pour une nouvelle saison. Ses 16 salariés à temps plein travaillent encore, mais les près de 500 saisonniers sont sur la touche.
Pour convaincre les autorités de les laisser rouvrir, les parcs ont pris les devants et établi des protocoles sanitaires, épaulés par leur syndicat, le Snelac. « Chacun des sites doit adapter le protocole en fonction de ses spécificités, de sa taille, du type d'attractions », souligne François Fassier, directeur de la division parcs de loisirs de la Compagnie des Alpes, qui gère le Parc Astérix, le Futuroscope ou encore Walibi Rhône-Alpes.
Au Parc Astérix, par exemple, le port du masque devrait être obligatoire dans les attractions, peut-être dans les boutiques. « On se pose encore des questions, explique François Fassier. Nous restons des lieux de divertissement, il faut trouver un équilibre dans la contrainte. » Les salariés, eux, seront tous équipés en permanence. Du gel hydroalcoolique sera proposé dans le parc, notamment à l'entrée des attractions. Certaines activités, comme des spectacles, où la distanciation physique ne pourra pas être tenue, ne seront pas proposées cette année.
Moins de visiteurs dans les parcs
Au Puy du Fou aussi, on a établi un plan d'attaque qui commence dès le parking, où les véhicules ne seront pas stationnés côte à côte. « À l'intérieur du site, la circulation sera organisée pour éviter que les flux se mélangent, et éviter les attroupements, notamment en entrée ou sortie de spectacle », détaille Nicolas de Villiers. Dans les tribunes des spectacles, la capacité d'accueil sera divisée par trois, et une désinfection sera réalisée après chaque passage. « On aura également 250 points de distribution de gel hydroalcoolique, un rappel des gestes barrières et un équipement de protection pour nos équipes. »
Pour pouvoir assurer la distanciation physique, les parcs vont surtout devoir couper dans leur capacité d'accueil pour éviter de se retrouver bondés. Pour le Puy du Fou, seules 18 000 personnes pourront être accueillies chaque jour, au lieu de 36 000 en temps normal. Au Parc Astérix, une billetterie datée sera mise en place. « Demain, si on veut venir, il faudra réserver », résume son directeur général, Nicolas Kremer.
À l'étranger, les parcs commencent à rouvrir
Les parcs français peuvent aussi s'inspirer de leurs concurrents étrangers déjà autorisés à rouvrir dans certains pays. En Chine, premier pays touché par la pandémie, Shanghai Disneyland a rouvert le 11 mai, avec 30 % seulement de sa capacité, soit 24 000 visiteurs par jour au lieu de 80 000. Il faut réserver son jour de visite en avance, le port du masque y est obligatoire et une prise de température est réalisée lors de l'accès au site. Des marquages au sol dans les files d'attente permettent de respecter la distanciation physique, des places ont été condamnées dans les attractions, et les personnages restent loin des visiteurs pour éviter les contacts.
Plus près de la France, c'est le parc allemand Europa-Park qui s'apprête à reprendre du service le 29 mai. Le port du masque n'y sera pas obligatoire pendant toute la visite, seulement dans les espaces couverts, les files d'attente et les attractions. Il faudra également réserver sa visite. Mais le parc aquatique Rulantica restera fermé pour le moment, les mesures sanitaires étant plus complexes à mettre en œuvre dans ce type de parc.
« C'est certain qu'on ne peut pas descendre un toboggan avec un masque », note Michel Moenner, directeur de la division aquatique des parcs Aqualand (huit parcs en France). « Mais on sait que l'eau chlorée combat le virus, et il y aura une distanciation dans les files d'attente avec un marquage au sol. » S'il espère pouvoir rouvrir ses parcs en juillet, d'autres sont moins optimistes. En Isère, Walibi Rhône-Alpes a d'ores et déjà annoncé que sa zone aquatique n'ouvrirait pas cette saison. « Ouvrir nous coûte plus cher que de rester fermé », justifie François Fassier, qui pointe le peu de jours d'exploitation envisagés et la limitation de capacité à mettre en place.
Lourdes pertes financières
La plupart des parcs de loisirs s'estiment prêts à rouvrir dès le mois de juin. « On sait mieux gérer un flux dans un parc d'attractions qu'une mairie sur un trottoir, assure François Fassier. Si nous poussons à la réouverture, c'est en ayant en tête la sécurité de nos visiteurs et de nos salariés. Nous ne sommes pas irresponsables ! » « Je ne vais pas faire prendre de risque à nos visiteurs, on prend tout ça très au sérieux, acquiesce Nicolas de Villiers. On a proposé un plan au gouvernement, on leur demande de dire ce qui va ou pas. Nous appliquerons leurs consignes, mais on leur demande de nous faire confiance. »
Pour ce secteur, qui a déjà perdu des dizaines de millions d'euros depuis le confinement, la réouverture est vitale. D'autant qu'il faut investir énormément et régulièrement pour faire revenir les visiteurs, et que tous n'ont pas les moyens du géant Disney. « Encore cet hiver, on a investi 900 000 euros dans un manège, avec des emplois locaux à la clé, rappelle Patrice Fleurent, patron de Fraispertuis City. Je devais signer 10 millions d'euros sur 2021-2022, mais tous nos programmes d'investissement sont bloqués. Et est-ce qu'à l'avenir les banques ne sont pas plus frileuses pour nous prêter de telles sommes ? »
« Avec la fermeture et des capacités réduites à la réouverture, ce sont des dizaines de millions d'euros de manque à gagner pour la Compagnie des Alpes », confirme François Fassier, qui n'entend pas pour autant alléger son plan d'investissements à l'avenir. « Peut-être faudra-t-il en décaler certains dans le temps pour lisser leur coût. »
Mais les visiteurs auront-ils seulement envie de revenir dans les parcs de loisirs cet été malgré la peur du virus ? « On peut être un antidépresseur face au traumatisme qu'ont vécu certaines familles », assure Patrice Fleurent. Un signe encourageant pour le secteur : à l'annonce de la réouverture, la billetterie d'Europa-Park a été prise d'assaut. En quelques heures, le premier week-end affichait déjà complet.
Publié le 22 mai 2020
Source : Le Point
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