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- Travail et emploi : l’IA suscite à la fois espoir et préoccupation
L'intelligence artificielle (IA) suscite à la fois espoir et préoccupation. Travailler moins pour être payé plus, augmenter la productivité des entreprises… A en croire certains grands patrons américains, l'intelligence artificielle va être non seulement une révolution, mais aussi le socle d'un avenir meilleur. Malgré ces projections optimistes, de nombreux scientifiques et économistes contestent cette vision et soulignent les risques de l'IA sur la société et les impacts potentiels sur le travail et l'emploi.
L’IA s'est installée depuis une dizaine d'année dans de nombreux secteurs d'activité : industrie, administrations, santé, services, commerce...
Depuis la sortie de ChatGPT en novembre 2022, des outils d’IA générative similaires ont été lancés, tels que Bard de Google et Copilot de Microsoft. L’utilisation de l’IA pour générer du contenu, des vidéos, des photos, du code, etc., s’est généralisée.
Son potentiel positif est évident, mais il est essentiel de réfléchir sérieusement à ses impacts sur le travail et la société.
L'impact de l'intelligence artificielle sur le monde du travail est un sujet complexe, souvent perçu comme une double facette : d'une part, une menace potentielle pour de nombreux emplois, et d'autre part, une opportunité de transformation et d'innovation dans diverses industries.
Impact de l'IA : l’optimisme des grands patrons américains
L'IA excelle dans l'automatisation des tâches répétitives et prévisibles notamment dans des secteurs comme la production manufacturière, le service client, la logistique et même certains aspects de la finance et de l'assurance. Des robots et des systèmes d'IA peuvent effectuer des tâches autrefois réservées aux humains, souvent de manière plus efficace et sans erreurs.
Plusieurs grands patrons américains ont partagé leurs perspectives sur l'impact de l'IA sur nos vies et nos emplois, peignant un tableau optimiste de l'avenir.
Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, a déclaré dans sa lettre annuelle aux actionnaires que l'IA pourrait entraîner une réduction du temps de travail à 3,5 jours par semaine. Il estime que bien que certaines catégories d'emplois pourraient être réduites, de nouvelles opportunités d'emploi seront également créées grâce à cette avancée technologique.
De même, Larry Fink, à la tête de BlackRock, a exprimé sa confiance dans le fait que l'IA stimulera la productivité et entraînera une augmentation des salaires pour les employés. Il considère que l'investissement dans cette technologie ouvrira la voie à de nouvelles possibilités économiques.
Andy Jassy, le PDG d'Amazon, va jusqu'à qualifier l'IA générative de "la plus grande transformation technologique depuis Internet". Il envisage des avantages considérables pour la société et les entreprises grâce à cette technologie, soulignant son potentiel révolutionnaire.
Cependant, les prédictions les plus audacieuses viennent d'Elon Musk, fondateur de SpaceX et Tesla. Il affirme que l'IA surpassera l'intelligence humaine dès l'année prochaine et dépassera même l'intelligence collective des humains dans cinq ans.
Malgré ces projections ambitieuses, de nombreux scientifiques et économistes contestent cette vision angélique, soulignant les limites actuelles de l'IA en termes de capacités et de compréhension et la nécessité d'anticiper les impacts sur le travail et l'emploi compte tenu des effets combinés de l'IA, de l'automatisation et de la robotique dans de nombreux champs d'activité.
Les risques potentiels de l’IA sur nos vies et nos emplois
L'introduction de l'intelligence artificielle dans le monde du travail comporte plusieurs risques qui peuvent avoir des conséquences profondes sur l'emploi, les conditions de travail, et la société en général. Il est certain que la majorité des métiers va évoluer. La plupart des tâches seront transformées, d’autres seront supprimées, et de nouvelles tâches apparaîtront.
L'un des risques les plus immédiats et évidents est la perte d'emplois due à l'automatisation. L'IA peut remplacer les travailleurs dans de nombreux secteurs, en particulier dans les tâches répétitives et prévisibles.
Concernant l’emploi, le recours à l’IA dans l’espace de travail pourrait déboucher sur des pertes d’emplois massifs. Même si l’utilisation de l’IA pourrait voir émerger de nouveaux emplois, il faudra se reposer sur une éducation et des formations adaptées afin d’éviter qu'un chômage structurel à long terme s’enracine.
Concernant le contenu du travail, l'IA transforme la nature de nombreux métiers. Les professionnels dans des domaines comme la finance, la médecine, et le droit utilisent de plus en plus des outils d'IA pour améliorer leur travail.
Concernant les conditions de travail, si l’IA peut augmenter la qualité de vie au travail en limitant les taches pénibles et routinières, le développement de l’IA dans les environnements de travail peut également augmenter les risques professionnels et psychosociaux.
Le dernier rapport de la Commission de l’intelligence artificielle publié en mars 2024 pointe des risques de détérioration des conditions de travail sous l’effet de l’IA.
Un mauvais usage des outils d’IA peut exacerber les risques professionnels et psychosociaux. Le développement du « management algorithmique » risquerait d’engendrer une perte d’autonomie au travail, une subordination déshumanisante à la machine, une surveillance excessive des travailleurs, un isolement des travailleurs et une perte du sens du collectif.
L'utilisation de l'IA dans le monde du travail soulève également des questions éthiques et juridiques. Les systèmes d'IA utilisés pour le recrutement ou la gestion des performances peuvent reproduire ou même amplifier des biais existants, conduisant à des discriminations dans l'embauche ou la promotion des salariés.
IA et avenir du travail : sortir d’une vision trop caricaturale
La diffusion de l’IA est prise dans un face-à-face entre « techno-prudents » et « techno-enthousiastes » qu’il est facile de caricaturer. Les premiers craignent que l’IA ne renforce les inégalités, dégrade la qualité de vie au travail et ne profite, in fine, qu’à une minorité. Ils exigent donc de pouvoir définir comment les systèmes d’IA seront conçus et déployés. Les seconds disent avoir besoin d’aller vite, d’expérimenter pour trouver les bons usages, les bons produits, d’avoir le champ libre en somme.
L'IA représente à la fois une menace et une opportunité pour le monde de l'emploi. La clé pour maximiser les avantages tout en minimisant les risques réside dans l'adaptation proactive des politiques publiques, l'éducation et la formation, ainsi qu'une réflexion éthique sur l'intégration de l'IA dans le monde du travail. Il est crucial de créer un cadre dans lequel l'IA peut coexister avec les travailleurs, en enrichissant les capacités humaines plutôt qu'en les remplaçants entièrement.
Nous avons besoin d’expérimenter, de tâtonner avec l’IA afin de trouver la façon d’en tirer tous les bénéfices. Et ce d’autant plus si nous voulons trouver les « bonnes » façons de déployer l’IA, celle qui viendra améliorer le quotidien des travailleurs.
Publié le 29 août 2024
Sources : Les Echos : IA : les prédictions optimistes de quatre grands
patrons américains – avril 2024, Rapport de la Commission de
l’intelligence artificielle – mars 2024 - PDF (4.8 Mo)
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