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La situation du marché du travail devient très préoccupante en France, marquée par une hausse significative du chômage et une augmentation des destructions d'emplois prévues en 2025. Les clignotants s’allument un à un sur le front des recrutements. Le taux de chômage devrait être porté à 8,5 % de la population active en fin d’année, alors que 100 000 destructions d’emploi sont prévues en 2025.
En 2025, la France fait face à une crise de l’emploi sans précédent, marquée par une forte hausse du chômage et une explosion des plans sociaux. Ces évolutions indiquent une fragilisation du tissu économique et social, avec des répercussions directes sur l'emploi et les conditions de travail.
Hausse importante du chômage
Selon les données récentes, le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A a enregistré une hausse préoccupante de 3,9 % au quatrième trimestre 2024. Cette progression, équivalente à 117 000 chômeurs supplémentaires en seulement trois mois, porte le total à 3,138 millions de personnes sans emploi. Il s’agit de la plus forte augmentation du chômage en une décennie, hors période exceptionnelle liée à la crise du Covid-19. Cette évolution marque un retournement brutal après plusieurs trimestres de relative stabilité du marché du travail.
Cette tendance n’épargne aucune catégorie de la population mais est particulièrement marquée chez les jeunes de moins de 25 ans, qui subissent une hausse de 8,5 % sur le dernier trimestre. Cette tranche d'âge, souvent confrontée à la précarité et à des contrats à durée déterminée ou d’intérim, semble être la première victime de cette dégradation. De nombreux jeunes, en recherche de leur premier emploi, se heurtent à un marché qui réduit les opportunités d’insertion professionnelle.
Les seniors de 50 ans et plus sont aussi particulièrement touchés, avec une augmentation du chômage de 3,8 %. Pour ces travailleurs expérimentés, la reconversion ou le retour à l’emploi se heurte souvent à des préjugés liés à l’âge et à des difficultés à s’adapter à de nouvelles exigences professionnelles.
Cette dégradation générale du marché de l’emploi reflète les conséquences d’un ralentissement économique combiné à une montée des incertitudes pour de nombreuses entreprises. Des secteurs traditionnellement porteurs, tels que l’industrie et le commerce de détail, semblent particulièrement touchés par cette tendance. À cela s’ajoute une diminution des embauches dans des secteurs auparavant dynamiques comme la technologie et les services.
Les principaux organismes économiques s’attendent à une hausse du chômage en 2025. La semaine précédente, l’Urssaf avait rapporté que les déclarations d’embauche étaient reparties à la baisse au quatrième trimestre, perdant 2,4 % par rapport au trimestre précédent.
Ces chiffres traduisent une situation alarmante et appellent à une mobilisation renforcée des pouvoirs publics et des entreprises.
Augmentation des plans sociaux et des destructions d’emplois
Parallèlement à la hausse du chômage, le marché du travail subit une recrudescence inquiétante des plans sociaux et des faillites d’entreprises. Plusieurs grandes entreprises emblématiques, telles que Michelin et Auchan, ont récemment annoncé des suppressions massives de postes, illustrant l’ampleur des difficultés auxquelles font face de nombreux secteurs d’activité. Ces annonces viennent s’ajouter à une série de restructurations similaires dans l’industrie automobile, le commerce de détail et d’autres branches traditionnellement porteuses, signalant une tendance généralisée.
Les défaillances d’entreprises, en forte hausse, constituent une autre facette inquiétante de la crise économique actuelle. En 2024, la Banque de France a recensé 65 764 faillites, un chiffre en augmentation de 16,8 % par rapport à 2023. Cette dynamique négative semble se poursuivre sans ralentissement significatif à l’horizon 2025, selon les prévisions des économistes. Ces chiffres traduisent non seulement une augmentation quantitative des défaillances, mais aussi une évolution qualitative préoccupante : les entreprises concernées sont désormais de plus grande taille, rendant les conséquences économiques et sociales encore plus lourdes.
Contrairement aux périodes précédentes, où les faillites touchaient majoritairement des très petites entreprises (TPE), ce sont aujourd’hui des PME et même des entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui se retrouvent en difficulté. Cette évolution amplifie l’impact social de chaque défaillance, car ces structures emploient davantage de salariés. Environ 260 000 emplois ont été directement affectés par une procédure judiciaire en 2024, qu’il s’agisse de mesures de prévention, de sauvegarde ou de liquidation. Ces chiffres incluent des milliers de familles dont les revenus et la stabilité sont brutalement remis en question.
Les données du quatrième trimestre 2024 témoignent d’une véritable rupture. Mathieu Plane, directeur adjoint du département d’analyse et de prévision à l’OFCE, décrit cette situation comme « très mauvaise » et bien plus grave que prévu. « Il y a la remontée des faillites », souligne-t-il, reflétant un climat économique marqué par une fragilité croissante des entreprises.
Les causes de cette recrudescence sont multiples. D’une part, la fin des dispositifs d’aides exceptionnelles mis en place pendant la pandémie, tels que les prêts garantis par l’État (PGE) et les exonérations de charges sociales, a laissé de nombreuses entreprises sans soutien face à des charges financières importantes. D’autre part, la hausse des coûts de l’énergie, la pression inflationniste sur les matières premières et les difficultés d’accès au crédit ont fragilisé encore davantage des entreprises déjà vulnérables.
Certaines entreprises, bien qu’encore en activité, optent pour des procédures judiciaires préventives, comme la sauvegarde ou le redressement judiciaire, afin d’éviter une faillite pure et simple. Cependant, ces procédures, bien qu’utiles pour restructurer les dettes ou rechercher un repreneur, n’évitent pas toujours les suppressions d’emplois. Les liquidations judiciaires, qui constituent l’issue la plus dramatique, entraînent souvent des fermetures immédiates, laissant les salariés sans perspective de reclassement rapide.
L’inquiétude grandissante face au chômage et ses conséquences économiques
Dans l’esprit des Français, la crainte du chômage est devenue une préoccupation majeure, surpassant même celle liée au pouvoir d’achat, qui avait dominé les débats économiques ces dernières années.
Ce basculement dans les priorités des Français ne se limite pas à une simple perception : il s’accompagne d’une chute marquée du moral des ménages. Cet indicateur, surveillé de près comme un baromètre de la santé économique, est directement affecté par la peur de l’instabilité professionnelle. Lorsqu’ils redoutent une perte d’emploi, les ménages tendent à adopter des comportements prudents : réduction des dépenses, limitation des investissements personnels (comme l’achat immobilier) et une épargne de précaution accrue. Ces réactions, bien que rationnelles à titre individuel, amplifient les tensions économiques globales en pesant sur la consommation, moteur essentiel de la croissance en France.
Publié le 28 janvier 2025
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