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La 7ème édition du Baromètre IFOP-Syndex sur les relations sociales a été publiée jeudi 23 janvier. Cette enquête offre un panorama détaillé de l'état du dialogue social en France. Une divergence de perception persiste : les dirigeants évaluent positivement la qualité du dialogue social, tandis que les représentants du personnel (RP) la jugent dégradée.
Cette enquête reflète l’opinion de 1 878 représentants du personnel (RP), 1 303 salariés et 400 dirigeants (qui peuvent être DRH ou dirigeants) travaillant dans des entreprises de plus de 50 salariés qui ont été interrogés en septembre et novembre 2024.
Cette étude met en lumière plusieurs enseignements clés :
• Le contexte économique actuel impacte négativement le dialogue social en entreprise.
• Une
divergence de perception persiste : les dirigeants évaluent positivement
la qualité du dialogue social, tandis que les représentants du personnel
(RP) la jugent plus dégradée.
• Le CSE est largement reconnu comme essentiel pour
défendre les intérêts des salariés et améliorer leurs conditions de
travail, mais il déplore un manque de temps, de ressources et de
reconnaissance de la part des directions.
• Les sujets prioritaires pour les RP restent les
conditions de travail, la santé et les risques psychosociaux, tandis que
l’environnement et l’intelligence artificielle occupent une place
marginale.
• Les attentes liées au pouvoir d’achat, aux
rémunérations et au partage de la valeur restent fortes, bien qu’en baisse
par rapport à 2023.
• Bien que 9 RP sur 10 confirment la nomination d’un( e)
« référent(e) » pour lutter contre le harcèlement sexuel et les
agissements sexistes au sein du CSE, 35 % estiment que cette personne
manque de moyens concrets pour intervenir efficacement.
Reconnaissance de l'utilité du CSE
Le Comité Social et Économique (CSE) est perçu comme une instance essentielle par une majorité tant de salariés que de dirigeants.
Plus des 3/4 des salariés reconnaissent l'utilité du CSE. Il joue un rôle crucial dans la remontée des réalités vécues par les employés, la défense de leurs intérêts et l'amélioration des conditions de travail. De plus, le CSE sert de médiateur entre les revendications des salariés et les décisions managériales.
Les dirigeants, quant à eux, partagent cette vision, avec une proportion encore plus importante estimant que le CSE contribue à maintenir un dialogue social structuré et à renforcer la cohésion au sein de l’entreprise.
Dégradé et
incertain, le climat général pèse sur le dialogue social
Dans un climat général marqué par des incertitudes et une détérioration, le dialogue social pâtit des circonstances. Un an après la fin du mouvement sur les retraites et la dernière vague des élections au CSE, les représentants du personnel (RP) évaluent la qualité du dialogue social en baisse sur tous les indicateurs. L’état d'esprit des élus des CSE est le plus mitigé : davantage d'inquiétudes, une baisse de motivation et d'optimisme, bien que leur détermination demeure. Ils sont également moins nombreux à juger bonne la situation économique de leur entreprise.
Les critiques concernant l'impact des ordonnances Macron sont toujours présentes chez les RP. Dans le baromètre, les conséquences de la fusion aboutissant à cette instance unique qu’est le CSE continuent de mécontenter les représentants du personnel qui y siègent : 40 % estiment qu’ils ont perdu du poids face à leur direction, 37 % se plaignent d’un ordre du jour trop chargé qui empêche de traiter au fond les sujets. Et de déplorer le nombre restreint de réunions, la réduction du nombre d’élus qui alourdit leur charge de travail et une perte de compétences sur certains sujets.
Perception
divergente du dialogue social
L'enquête révèle une divergence persistante dans l'évaluation du dialogue social :
• Les dirigeants : Les dirigeants évaluent positivement le dialogue social dans leur entreprise, lui accordant une note moyenne de 7,8/10. Ils expriment une satisfaction notable quant à la qualité des relations sociales au sein de leur entreprise. Le baromètre montre ainsi une forte hausse du nombre d'employeurs qui louent la contribution de « la présence syndicale à la qualité du dialogue social » (67 % contre 50 % en 2023).
• Les Représentants du personnel (RP) : Ils adoptent une vision plus critique, soulignant des défis tels que le manque de temps, de moyens et une surcharge de sujets à traiter. Cette situation contribue à une diminution de la motivation et de l'optimisme parmi les RP. Moins de 50 % des élus et mandatés jugent que celle de son entreprise contribue à la qualité du dialogue social, moins de quatre sur dix disent leurs interlocuteurs « à l'écoute » et un quart « ouverts » tandis que la moitié les qualifie d'« opportunistes », de « fermés » ou d'« attentistes ».
Priorités des représentants du personnel
Les représentants du personnel (RP) continuent de placer les conditions de travail, la santé et les risques psychosociaux (RPS) au cœur de leurs préoccupations. Les conditions et la charge de travail arrivent en tête pour 93 % des élus et 76 % des salariés. Au deuxième rang, 92 % des représentants du personnel placent la santé et les risques psychosociaux, 75 % des salariés évoquent la sécurité au travail. Etonnamment, le pouvoir d’achat, les rémunérations et le partage de la valeur n’arrivent qu’au troisième ou quatrième rang des priorités des élus et des salariés.
RP et salariés donnent la priorité aux augmentations de
salaire plutôt qu'aux primes.
Les RP et les salariés anticipent le ralentissement de l’inflation : leurs
attentes en matière d'augmentation de salaire se font moindres, mais sont
néanmoins supérieures à ce que prévoient les directions. Des risques de
tension pourraient naître de ce décalage, étant donné l'inflation qui a
sévi depuis 2021.
L’IFOP se penche, par ailleurs, sur l’élargissement des prérogatives des CSE à l’environnement. Les enjeux environnementaux, malgré leur visibilité croissante dans la société, peinent à s’imposer comme des priorités immédiates, notamment en raison des contraintes économiques et sociales pressantes. Ainsi 31 % des élus affirment que l’instance où ils siègent s’est emparée de ce sujet, mais 45 % reconnaissent manquer d’expertise en ce domaine. Et, surtout, 58 % affirment qu’ils ont d’autres priorités à traiter.
De même, l’intelligence artificielle, qui soulève pourtant des questions cruciales sur l’automatisation, l’avenir de l’emploi et les nouvelles compétences à développer, est souvent perçue comme une problématique lointaine ou secondaire par rapport aux préoccupations actuelles.
Défis du recrutement des élus CSE
S'ils restent mobilisés, les représentants du personnel ont une baisse de moral, montre la septième édition du baromètre du dialogue social Syndex. Si les salariés les soutiennent fortement, peu sautent le pas et sont prêts à s'investir dans les CSE.
Une majorité des CSE rencontrent des difficultés à recruter de nouveaux élus. Cette problématique est exacerbée par la limitation légale du nombre de mandats à trois, rendant le renouvellement des instances représentatives du personnel complexe.
Plus de neuf CSE sur dix rencontrent des difficultés à recruter, 93 % précisément. Les trois principaux freins à l'engagement identifiés par le baromètre sont le manque de considération de la direction, évoqué par 44 % des représentants interrogés, le temps et l'énergie que cela implique cité par 38 %, mais aussi les risques d'un blocage du salaire et/ou de la carrière, invoqué par 29 %.
La lutte contre le harcèlement et les agissements sexistes : des progrès à consolider
La désignation d’un( e) « référent(e) » en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes au sein des CSE représente une avancée significative pour la prévention et la prise en charge de ces problématiques graves. Selon les représentants du personnel (RP), 9 sur 10 confirment que cette nomination est désormais effective, ce qui démontre une prise de conscience croissante au sein des entreprises de l'importance de ces enjeux.
Cependant, cette initiative est encore perçue comme insuffisante sur le terrain. Près de 35 % des RP estiment que le référent manque de moyens concrets pour intervenir efficacement. Ce constat souligne un décalage entre les intentions affichées et les ressources allouées. Parmi les principales lacunes évoquées figurent l’absence de formation spécifique pour ces référents, un manque de temps dédié à leurs missions, ainsi qu’un soutien limité de la part des directions ou des services compétents.
Cette situation peut réduire l’impact des référents dans la lutte contre ces comportements, rendant plus difficile l’identification des cas, l’accompagnement des victimes et la mise en œuvre d’actions correctives.
Un dialogue social sous tension
Les résultats de cette neuvième enquête Syndex/Ifop sur l’état du dialogue social en France en 2024 témoignent d’une situation contrastée. Si le Comité Social et Économique (CSE) reste perçu comme une instance essentielle pour défendre les intérêts des salariés et améliorer leurs conditions de travail, de nombreuses difficultés freinent son efficacité. Les représentants du personnel (RP) font face à un manque de moyens, de temps et parfois de reconnaissance, ce qui impacte la qualité du dialogue social.
Les priorités des RP, telles que la santé, les conditions de travail et la lutte contre les risques psychosociaux, montrent une volonté de répondre aux enjeux les plus immédiats pour les salariés. Cependant, des sujets émergents comme l’environnement ou l’intelligence artificielle peinent encore à s’imposer.
À l’heure où le climat social reste fragile, un renforcement des CSE, un soutien accru des directions et une meilleure allocation des ressources apparaît nécessaire pour répondre aux attentes croissantes des salariés et des RP.
Publié le 24 janvier 2025
Rédigé par Officiel CSE
Sources : Résultats du 7ème baromètre du dialogue social
réalisé par l'Ifop pour le cabinet de conseil aux CSE Syndex
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