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- Nouvelle génération d’élus CSE : un engagement pour transformer l’entreprise
Loin des stéréotypes de militantisme, certains jeunes salariés choisissent de s’impliquer au sein du CSE. Cet engagement est perçu comme une opportunité de comprendre les enjeux stratégiques de l’entreprise tout en défendant les droits des employés. Bien que ce rôle soit enrichissant, il nécessite un véritable engagement, parfois chronophage, et expose parfois les jeunes élus à des situations complexes. Témoignages.
« Fais attention, tu risques de devenir le contestataire de ta boîte ! » Voilà la réaction amusée qu’Audrey a reçue de la part de ses proches lorsqu’elle leur a fait part de son intention de se porter candidate aux élections du Comité Social et Économique (CSE). Audrey travaille dans un groupe de luxe, qu'elle a rejoint à sa sortie d'école de commerce il y a quatre ans. Cette idée lui est venue progressivement. « J'avais simplement envie de participer au fonctionnement de l'organisation. C'est un peu comme être délégué de sa classe à l'école », résume-t-elle en souriant.
Et l'étiquette de militant qui colle à la peau de ces représentants du personnel ? « Nous sommes plutôt bien perçus par les chefs au sein de l'entreprise », estime la jeune cadre. Loin de faire mauvaise impression auprès des chefs, Audrey voit cet engagement « plutôt comme un tremplin », car il permet de « développer son réseau dans l'entreprise auprès des salariés, RH, managers, de tous les services et départements ».
Nouvelle génération d’élus CSE plus jeune
Comme Audrey, élue en début d'année, quelque 311 581 salariés représentent leurs collègues au Comité social et économique de leur entreprise, aux côtés des membres de la direction et des représentants syndicaux, selon les chiffres 2024 de la Dares. Elus pour un mandat de quatre ans (certains cas d'accords de branches ou de groupes le fixent à deux ou trois ans), il est possible pour un élu CSE d'effectuer trois mandats successifs.
De cette direction statistique rattachée au ministère du Travail, une autre enquête plus ancienne (2017) nous apprend que les salariés les plus expérimentés sont les plus nombreux à occuper ce type de mandat. Un tiers, cependant, a moins de 40 ans (6 % moins de 30 ans, 27 % entre 30 et 39 ans).
Et ceux-là seraient de plus en plus nombreux, selon Isabelle Drouet de la Thibauderie, chargé de l'offre Ressources humaines et management de la formation chez Cegos, qui coordonne des formations pour les élus CSE : « De plus en plus de jeunes prennent ce mandat. Ce renouvellement est très positif, c'est le signe qu'ils veulent s'engager au sein de leur organisation pour avoir un impact, faire changer les choses », observe l'experte. Ses programmes courts visent justement à les informer sur leur rôle, leurs droits, et à se familiariser avec les questions de santé, de sécurité et conditions de travail en entreprise.
Occuper un mandat au sein du CSE permet effectivement de développer une compréhension approfondie des rouages de l’entreprise, notamment en matière de conditions de travail et de relations sociales. En tant qu’élu, on apprend à négocier avec la direction, à analyser les documents économiques et financiers, et à défendre les intérêts collectifs des salariés.
Et c'est une véritable école de l'entreprise, si l'on en croit Clément Cremer, élu depuis deux ans au CSE de son employeur, l'école de commerce Ieseg : « J'ai énormément appris sur le droit du travail, la négociation, la gestion de conflits… Ce mandat permet d'améliorer considérablement notre connaissance de l'entreprise, de son fonctionnement. C'est enrichissant et motivant. »
Un engagement à ne pas prendre à la légère
Rejoindre le CSE signifie rencontrer des salariés de tous les services pour comprendre leurs problématiques et disposer d'un accès privilégié à la direction. Des relations d'une autre nature peuvent se tisser avec cette dernière, comme en témoigne Stéphanie, élue CSE depuis un an dans sa société de gestion. « Une confiance s'est créée. Parfois, en off, même en dehors des réunions du CSE, la direction m'a déjà demandé mon avis sur des sujets importants pour le cabinet, je ne suis pas sûre qu'elle l'aurait fait auparavant », confie cette manager, recrutée en 2020.
Agrandir son réseau, booster sa visibilité en interne, développer ses compétences… Le mandat CSE a de quoi séduire les jeunes ambitieux, mais attention de le faire pour les bonnes raisons. Ingénieure, Pauline travaille dans un cabinet de conseil depuis sa sortie d'école, en 2014. Elue pour la première fois au CSE en 2018, elle en est aujourd'hui à son deuxième mandat d'élue. Elle met en garde car, malgré les heures de « délégation », « c'est chronophage ! Il faut jongler, se dégager du temps sur ses projets, sans culpabiliser. Et on ne va pas se mentir, on doit parfois prendre du temps hors de ses heures de boulot. Ça peut être source de contraintes au sein de son équipe, et dans sa vie personnelle ».
Et il faut être prêt aussi à vivre des moments de tensions. Tout récemment, un plan de licenciement a été annoncé dans un service du cabinet de Pauline. « Nous faisons au mieux pour travailler en bonne intelligence avec la direction, mais on se rend compte de notre rôle et de la gravité de certaines situations… Ce sont des sujets humains complexes, et on peut vite se fâcher. »
Se porter candidat aux élections du Comité Social et Économique ne doit pas être motivé par une ambition personnelle ou l’envie de gravir les échelons au sein de l’entreprise. Être élu au CSE, c’est avant tout prendre un engagement fort : celui de représenter et défendre les intérêts des salariés.
Cette mission requiert une écoute attentive, une compréhension des enjeux collectifs, et la volonté sincère de porter la voix de ses collègues face à la direction. L’élu CSE n’est pas un porte-parole de ses propres intérêts, mais un acteur essentiel dans la défense des droits des salariés, la protection des conditions de travail, et l’amélioration du bien-être au sein de l’entreprise. Il s’agit d’une responsabilité sociale, où l’altruisme et l’engagement collectif doivent primer sur les ambitions individuelles.
Publié le 2 octobre 2024
Sources : Les Echos – Laura Makary, Officiel CSE, Dares (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques). Il s'agit d'un service statistique du ministère du Travail en France, chargé de produire des études et des statistiques sur le marché du travail, les politiques de l'emploi, la formation professionnelle, et les conditions de travail.
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