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- Déconfinement : organisez une réunion exceptionnelle du CSE pour savoir comment vont les salariés
Professeur émérite de médecine légale et de droit de la santé, Michel Debout se penche sur les conséquences sanitaires du travail au temps du Covid-19. Cet ancien membre du CESE appelle notamment les comités sociaux et économiques des entreprises (CSE) à organiser des réunions pour s'assurer de la bonne santé de leurs employés.
Pour Michel Debout, la détresse psychologique des travailleurs a été l'un des grands oublis du Covid-19.
L'Usine Nouvelle : Quelles sont les conséquences sanitaires directes des modifications des conditions de travail pendant la crise du Covid-19 ?
Michel Debout : Les conséquences sanitaires concrètes, on ne les connaît pas forcément encore. On sait qu'il y a plus de salariés, employés comme cadres, qui ont eu des problèmes d'épuisement psychologique, de sur-stress, et se sont sentis envahis par leur travail. Cet épuisement psychologique peut être accompagné de pensées suicidaires, et même de passages à l'acte. C'est quelque chose qui est connu pour tout épuisement professionnel, et c'est pourquoi il faut prévenir cet état. Entre mars et septembre 2020, on a vu comment les pensées suicidaires avaient augmenté avec des problèmes de pressions au travail, du télétravail et d'épuisement professionnel.
Il y a eu aussi beaucoup de problèmes liés à l'impossibilité de travailler. Notamment chez les artisans, commerçants, les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration, de la communication, de l'événementiel et de la culture. Cela a souvent été vécu comme une injustice. Pourquoi nous et pas eux ? Certains se sont sentis accusés d'être pourvoyeurs de pandémie. Et toujours avec une crainte de perte d'argent ou même de déposer le bilan. Tout cela amène des sentiments de désociabilisation, de dévalorisation et même de dépression.
L'Usine Nouvelle : Comment lutter contre ces problèmes en entreprise ?
Michel Debout : Dans toute entreprise, dès la fin du confinement, à la reprise, il faut organiser une réunion d'urgence et exceptionnelle du comité social et économique. Dans le cas des toutes petites entreprises, notamment pour les commerçants et artisans, il faut se tourner vers des associations regroupant ces métiers pour organiser ces réunions. Il faut faire le point, savoir comment vont les salariés. Comment s'est passé cette période de télétravail ? Ont-ils réussi à s'adapter aux nouvelles conditions ? Faire le bilan et savoir où ils en sont. Le but est d'identifier ceux qui ont le plus de difficultés et de les soutenir. Que ce soit au niveau psychologique mais aussi dans leur reprise du travail. Et il faut faire ça urgemment.
L'Usine Nouvelle : Pensez-vous que le gouvernement soit assez mobilisé sur ces questions ?
Michel Debout : Rien n'a été fait de manière suffisamment importante pour prévenir ces problèmes de santé psycho-sociale pour beaucoup de nos concitoyens. Le gouvernement, et le ministre de la Santé singulièrement, ne s'est quasiment pas préoccupé de la santé psychologique des Français. Il y a un an, j'alertais déjà sur ces problèmes que la crise allait créer. Il a fallu attendre six mois pour qu’Olivier Véran daigne accepter l'existence de détresse psychologique de certains Français. Il a centré ça sur les étudiants, qui sont très touchés, mais pas seuls. On n'est pas suffisamment mobilisé sur ces questions de santé au travail et de santé sans travail.
Dans le cas des jeunes en recherche d'emploi, ils échappent à tout. Ils n'ont ni les aides des étudiants, ni celles des salariés. Ils sont complètement abandonnés. Je préfèrerais mille fois que le gouvernement s'occupe de ces sujets, plutôt qu'il se préoccupe de la date de réouverture des terrasses. L'épuisement professionnel, le burn-out et le harcèlement moral au travail ne sont pas toujours reconnus comme des maladies professionnelles. Alors que cela fait plus de 20 ans qu'avec bien d'autres nous sommes mobilisés sur cette cause. Qu'attendons-nous ?
L'Usine Nouvelle : Vous avez travaillé sur l'état de santé des chômeurs. Que penser de l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi attendue d'ici la sortie de crise ?
Michel Debout : Tout le monde le sait, le nombre de chômeurs va continuer d'augmenter. Ce sur quoi j'insiste, c'est que le chômage veut dire perte d'emploi. Un moment où on est licencié. Ce moment-là est traumatisant. C'est comme quand on est agressé, qu'on vit un événement grave… On ne propose pas de soutien aux chômeurs alors qu'ils peuvent avoir un traumatisme psychologique. Il devrait y avoir une médecine préventive pour les chômeurs, de la même manière qu'il y a une médecine préventive pour les travailleurs. Le paradoxe c'est que quand on perd son travail, on perd la médecine qui va avec alors que l'on est dans un moment de fragilisation. Sans parler de la difficulté de retrouver un travail ensuite. Il n'y a pas de médecine préventive des chômeurs alors que cela concerne 5 millions et bientôt 6 millions de personnes en France. Ils sont abandonnés par la médecine, la santé.
Publié le 30 avril 2021
Sources : L'Usine Nouvelle
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